Politique : Le vote ethnique : Et si on en parlait ?

Publié le par Amadou Tham Camara

L’absence en Guinée de tribune pour des débats politiques publics, de l’indépendance à nos jours, a fortement contribué à développer le manque de repères objectifs chez l’électeur guinéen dans le choix de ses dirigeants. Cette situation a rendu le guinéen enclin à privilégier l’appartenance ethnique parmi les autres critères de choix de ses élus. 

A presque deux mois avant les premières élections libres postindépendances, et en l’absence d’un sondage fiable, les observateurs s’accordent à dire généralement que les leaders politiques Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé vont avec la faveur des pronostics des prochaines élections présidentielles, à cause justement du nombre de leur électorat « naturel ». 

Toutefois, on admet aussi que Sidya Touré sera un grand outsider, à cause du caractère transversal de son parti, de la qualité de son état-major (constitué d’hommes cultivés et expérimentés) et de sa clairvoyance.

Et quid de Lansana Kouyaté, qui a le vent en poupe, car il semble avoir réussi à grignoter une bonne partie de l’électorat « naturel » d’Alpha Condé, conquis une partie de la Basse côte à cause de sa mère et surtout, forcé la sympathie de l’électorat du sud du pays, qui lui reconnaît avoir été le plus indulgent avec Moussa Dadis Camara ? 

Disons le tout de go : il est difficile d’imaginer un autre candidat, à dieu ne plaise, coiffer au poteau ces quatre ténors aux prochaines élections présidentielles.

Si la mosaïque guinéenne en dépit de son antagonisme (militaires, civils, ethnies, religions, régions, générations) gère le pays dans une coexistence pacifique au sein du gouvernement et au sein du conseil national de la transition, la paix sociale postélectorale sera moins liée au résultat du scrutin qu’à son acceptation par tous. Or, une seule personne gagnera cette élection.

Il est à craindre que le nécessaire consensualisme, accepté aujourd’hui pour les besoins de la transition, ne soit mis à rude épreuve par les coalitions politiciennes de l’inéluctable second tour du scrutin présidentiel. Par conséquent, la résurgence des instincts grégaires nés de la fracture sociale. 

Un vade-mecum doit être utilisé par tous les hommes politiques responsables pour qu’ils fassent comprendre à leurs électeurs qu’il n’y aura que deux résultats possibles aux futures élections : la victoire ou la défaite. Mais si cette dernière hypothèse n’est pas acceptée en toute « sportivité », elle pourra servir de prétextes à des troubles sociaux aux conséquences incalculables dont même…un putsch militaire. Mais, ça c’est une autre histoire !
 
Amadou Tham Camara
Conakry, Guinée
224.60.55.01.23

Publié dans POLITIQUE

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