Transition en danger : Des tirs entendus au camp de Kaleya à Forécariah

Publié le par IBRAHIMA SORY CAMARA

Le mardi 30 mars, des recrues de la base militaire de Kaleya, dans la préfecture de Forécoriah, se sont mises à tirer en l’air, en signe de protestation contre certaines mesures prises à leur encontre. Le chef d’Etat-major de l’armée de terre, colonel Nouhou Thiam, avec un contingent impressionnant de militaires, s’est rendu sur les lieux pour essayer de « calmer » les esprits surchauffés et arrêtés quelques 300 récalcitrants.

 

 

 

Au lendemain de la mutinerie à la base de Kaléya, un calme précaire régnait sur les lieux. ‘’L’envoyé spécial’’ du président de la République par intérim Général Sékouba Konaté, le colonel Nouhou Thiam, chef d’état major de l’armée de terre, accompagné de quelques 4x4 et des camions bourrés de militaires armés jusqu’aux dents, a réussi à mettre la main sur de nombreux mutinés et à ramener la sérénité dans le camp.

 

Selon les informations en provenance de Kaleya, tout aurait commencé par le refus des autorités militaires à recruter au sein de l’armée guinéenne des « soldats malades ». Des dispositions dans ce sens avaient été prises par la haute hiérarchie de l’armée pour remercier les recrues qui présentaient des signes de maladies parfois incurables. Une liste de soldats inaptes devrait donc être publiée dans les jours à venir. Il ne fallait pas plus pour que tous ceux qui se sentaient visés par cette mesure, se mettent en colère et crient au scandale. De contradiction en protestation, (on parle de manipulation) ils choisissent le 30 mars pour faire dégainer leurs armes en signe de protestation contre les mesures prises à leur encontre. Des tirs nourris, eux, n’ont pas manqué à Kaléya et ceux-ci ont été entendus toute la journée là-bas, faisant fuir les populations civiles dans tous les sens.

On entendait les coups de fusil qui se succédaient, affirmaient les habitants de la localité. Conakry est aussi mis au parfum de la révolte des soldats. Le chef d’état major de l’armée de terre, le Colonel Nouhou Thiam est dépêché par le Général Konaté (à la tombée dans la nuit) sur les lieux pour ramener le calme. Il aurait d’abord encerclé le camp avec ses hommes, avant de procéder ensuite aux arrestations parfois musclées de plusieurs mutins. M. Thiam aurait fait savoir aux nouvelles recrues que ce n’était pas la bonne manière pour réclamer leurs droits. Ainsi, quelque 300 éléments contestataires et leur formateur, commandant Gono Sangaré, proche du capitaine Dadis et plusieurs officiers seraient mis aux arrêts. Depuis lors, les commentaires et les interprétations ne manquent plus dans la cité au sujet de ce brusque accès de tension au camp de Kaleya. Ils sont nombreux les observateurs avisés qui qualifient cette mutinerie de « complot ourdi » contre le pouvoir actuel.

Quoi qu’il en soit, L’actuel homme fort du pays, avant son départ pour Paris où il effectue une visite privée, a donné des consignes fermes contre tous ceux qui mèneront des activités subversives tendant à remettre en cause la transition actuelle. L’armée est en état d’alerte. Les Etats-Unis et la France, pour leur part, ne feraient pas mystère de leur détermination à soutenir et à aider le Général Sékouba Konaté pour garantir le processus de transition en cours dans notre pays. Les ennemis de la République sont prévenus.

 

 

La complaisance dans le recrutement : Un mal récurrent des forces armées guinéennes

S’il y a un fait au sein de l’armée que beaucoup condamnent, c’est bien le manque de rigueur dans le recrutement. Au sein des forces armées, il faut le reconnaître, on y toutes sortes de personnes. Quand certains chefs de famille n’arrivent plus à gérer leurs «enfants difficiles », l’armée est bien indiquée pour s’en débarrasser. Comme aime à le dire Général Sékouba Konaté, ‘’l’armée n’éduque pas, elle forme’’. Les parents des délinquants multirécidivistes ont pris l’habitude de jeter leurs rejetons endurcis dans la criminalité au sein de l’armée. Comme conséquence, ces éléments indélicats contribuent à ternir l’image de la vaillante armée guinéenne. Celle-ci, dans un passé plus ou moins récent, a pris part à des guerres de libération et à des missions d’interposition dans des pays en guerre, honorant ainsi toute la Guinée. Mais depuis un certain moment, l’on constate avec amertume que toutes les attaques à main armée à Conakry, tout comme à l’intérieur du pays, sont menées par les hommes en uniforme. Et très malheureusement, avec l’avènement du CNDD au pouvoir, l’on a procédé à des recrutements massifs fantaisistes au sein des forces de défense et sécurité.

A propos d’ailleurs, certaines mauvaises langues accusent, à tort ou à raison, le capitaine Moussa Dadis Camara et ses proches d’avoir fait un recrutement dans le seul but de former « une milice ethnique », pour se maintenir au pouvoir. Ces recrues de Kaleya dont le nombre est estimé à 8000, auraient (pas toutes) été mises à contribution pour perpétrer les inqualifiables massacres et autres viols du 28 septembre. Comme on le voit, il aura fallu la signature des Accords de Ouagadougou, entre le capitaine Moussa Dadis Camara et le Général Sékouba Konaté, pour que certaines choses évoluent dans le sens souhaité par une majorité écrasante des Guinéens. Le processus électoral qui a été bloqué un certain moment, connaît une nette évolution. Le CNT (Conseil National de Transition) a été mis en place et il s’attele sur la révision de la loi fondamentale. La liste provisoire électorale est affichée dans plusieurs quartiers de la capitale et de l’intérieur. Une autre priorité du général Sékouba Konaté est la restructuration des forces de défense et de sécurité. Sur ce plan, les Etats-Unis et la France soutiennent la Guinée et sont prêts à combattre tous ceux qui se mettront sur le chemin de celui qui a décidé de conduire son pays, pour la première fois de son histoire, vers des élections libres, transparentes et crédibles.

 

infoguinee

Publié dans POLITIQUE

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