Où sont passés les milliards de FG récupérés par le comité d’audit du CNDD ?

Publié le par IBRAHIMA SORY CAMARA

Pour  justifier sa prise du pouvoir  en décembre 2008, séduire la population guinéenne, gagner les cœurs  et surtout la confiance des guinéens, le CNDD dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara et le général Sekoba Konaté, s’était engagé à démanteler les réseaux de trafic de drogue  et surtout d’assainir les finances publiques, en mettant en place un comité d’audit.

A l’arrivée du CNDD, les caisses de l’État étaient  pratiquement vides et la Guinée ne recevait pratiquement plus d’assistance étrangère. Dans le gouvernement de Komara  mis en place après le coup, tous les ministères et institutions économiques avaient été  directement rattachés à la présidence de la république. C’est le cas du ministère du contrôle économique et financier, dirigé par Hassan Onipogui.

Le capitaine Dadis Camara avait fait de la lutte contre  les  ‘’ prédateurs de l’économie nationale” sa priorité.

Après la sortie du décret instituant le comité national d’audit, et pour joindre la parole à l’acte,  il signe un autre décret  nommant cette fois -ci, son ami Sekouba konaté , président de ce comité. Ce dernier est assisté de trois vice-présidents : Ousmane kaba, Amadou  Mouctar Baldé et Habib Hann. Le nouveau comité d’audit prend immédiatement fonction et  se fixe d’empocher en même temps  10 pour cent pour  chaque montant récupéré. Le peuple ne dit mot, pourvu que les caisses du pays soient renflouées. L’événement est assez médiatisé pour les 2  à 3 premiers mois.

Doté de tous les pleins pouvoirs et ayant accès à toutes les personnalités guinéennes, à  tous les dossiers , le comité piloté par le général Sekouba Konaté, convoque à travers une circulaire datée du 20 janvier 2009, une brochette d’ opérateurs économiques, des anciens hauts cadres et des anciens ministres, ayant servi  le régime de Conté .La réunion est prévue le 22 janvier ,2009. Les chefs d’accusation : ceux qui sont convoqués sont suspectés  devoir de l’argent au  gouvernement guinéen pour services non rendus, pour surfacturation, ou encore pour redevances fiscales non payées.

L’ancien premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré , les anciens ministres et cadres comme, Dr Ousmane Sylla ,Ahmed kanté, Baidy Aribot, Ousmane Doré, Louceny Nabé et Idrissa Thiam sont accusés de détourner des montants importants.

Quant à la longue liste d’Hommes d’affaires et des sociétés à qui le gouvernement accuse de lui devoir des arriérés et des montants non payés, on note : Santulo, Super Bobo, Abu Khalil et PMU-Guinée, Alseny Barry, Mamadou Sylla et Futurelec, Sanfina Diakité et EDG etc…

Pour mener leur travail à bien, les auditeurs ne disposaient que des dossiers du gouvernement Kouyaté qui avait initié des audits lors de son passage à la primature. Et c’est à partir de là et parfois à partir de certaines rumeurs fantaisistes, que les convocations avaient été lancées de part et d’autre.

Tout comme dans la lutte dans la drogue qui avait conduit à l’arrestation du fils de Lansana Conté et d’autres barons de la police guinéenne, le travail des auditeurs  avait été assez médiatisé à son début, même s’il ne permettait pas d’obtenir les renseignements voulus et les résultats escomptés.

Cette période coïncide avec ce que l’on est convenu d’appeler à Conakry et en Afrique de l’ouest, le’’Dadis Show ’’.

La junte  militaire ayant élue domicile au camp Alpha Yaya, alors, c’est dans ce camp que se déroule les interrogations autour du Show quelques fois. Le camp Alpha Yaya était devenu le centre du pouvoir en Guinée où  l’on était surtout actif la nuit.

Au premier jour de l’audit, l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Baidy Aribot est acquitté et la charge contre lui est retirée. Il lui était reproché d’avoir empoché  70 milliards de FG collectés sur les travailleurs et les entreprises sponsorisant la coupe d’Afrique des nations, au Ghana. Ses anciens collègues ministres eux allaient être moins chanceux et allaient rester en prison pour quelques temps. L’ancien PM, Ahmed T. Souaré à qui l’on avait demandé de payer 2 millions de dollars, avait fait un arrangement de payement. Après avoir payé 500 millions de FG (100.000 dollars) , il recouvre sa liberté, au début Avril 2009.

A Dr Ousmane Sylla, ancien ministre des ressources naturelles et ancien ambassadeur en Afrique du Sud, on demande de payer 1,5 million de dollars. Il paye 200 millions de FG ( un peu moins de 50,000 dollars canadien et est libéré. Quant à Louceny Nabé, il s’acquitte de la même somme alors qu’il lui était reproché de devoir à l’État, la somme de 150,000 dollars. Rien ne filtre cependant sur l’ente de payement entre l’ancien ministre des finances, Ousmane Doré et les auditeurs. Il lui était reproché  de ne pas avoir fait le compte rendu sur l’utilisation de 25 milliards de FG , débloqués pour faire la grande party des 50 ans de la Guinée.

A cause des relations tendues avec  le ministre du contrôle économique et financier, Hassan Onipogui, le ministre kanté est resté plus longtemps en prison.
Pour le recouvrement, le scénario était simple : on emmenait un suspect, lui disait le montant dû à l’État, lui demandait de payer ou de rester en prison. La même méthode de recouvrement n’a pas été appliquée à tout le monde de la même manière. Et ceux qui payaient un peu ou promettaient de payer étaient simplement relâchés.

Dès le 18 février 2009 ( mois d’un mois après sa mise en place), le capitaine Dadis annonçait déjà  le recouvrement de 56 milliards de FG.

Au mois de mars, durant un autre épisode du Dadis Show, le chef de la junte avait annoncé une tentative de corruption de la part de la SAG (Société Aurifère de Guinée). Le montant était de 22 millions de dollars. La SAG ne dément pas et Dadis promet de mettre l’argent à la disposition du comité d’audit qui était en même temps chargé de la révision des contrats miniers.

Au 4 juillet, 2009, les montants récupérés s’élevaient à 152 milliards de FG, selon le comité d’audit lui même. Malheureusement, c’est là que s’arrête la transparence ou la soi-disant transparence de la part du comité d’audit et de son mentor, le CNDD.

Durant son interrogation, l’ancien chef du protocole de Conté, Idrissa Thiam,  avait promis de rembourser l’intégralité des 40 millions de dollars que le fonds koweitien avait mis à la disposition de la Guinée pour améliorer ses infrastructures routières. Le gouvernement malien avait encouragé à retourner à la Guinée les 40 millions de dollars domiciliés dans une Banque à Bamako. Depuis lors, personne ne sait où se situe le dossier.
Si des promesses de remboursements  ont été faites ou pas, seul le comité d’audit et son président peuvent éclairer la lanterne des guinéens. Et personne ne peut dire avec exactitude.

Depuis la nomination du général Sekouba comme président de la transition, aucune personnalité n’a été nommée à sa place, comme président du comité d’audit.

Les trois vice-présidents ne sont plus là et on ne parle plus d’audit, plus de rapport. Amadou  Mouctar Baldé, le 1er vice-président a été limogé presque dès le départ à cause de querelles internes ; Habib Hann est ambassadeur itinérant à la présidence et Ousmane Kaba milite dans l’Alliance  Arc –en Ciel.

Sur le montant total recouvré, peut être on ne saura jamais la vérité. Ce qui nous faire dire  s’il  n ya pas lieu de faire auditer les commanditaires de cet audit. Ce qui  constituera  une autre perte de temps et d’argent, avec  de l’argent  qu'on n’est pas sûr de récupérer à cette allure.
 
Mouctar Baldé
Los Angeles, USA

Publié dans POLITIQUE

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